L’église de Marolles-en-Brie, dédiée à Saint Julien de Brioude, a été classée monument historique le 24 avril 1909.
Ce qui fait l’intérêt de cette église, considérée comme l’une des plus anciennes du Val-de-Marne, antérieure de quelques années à la basilique de Saint-Denis et à la cathédrale Notre-Dame de Paris, c’est son abside qui présente les toutes premières voûtes sur nervures, qui deviendront classiques à l’époque ogivale.

 

Histoire

A la fin du XIe siècle, Dreux de Mello, archidiacre de Brie et architecte de l’Eglise de Paris fait donation des terres marollaises au prieur de Saint-Martin-des-Champs.
Ce dernier envoie à Marolles une petite communauté de religieux qui constituent un prieuré et prennent en charge l’édification d’une nouvelle église, sur l’emplacement de l’église carolingienne du IXe siècle. Cette église, plus grande, sera partagée entre la paroisse et le prieuré.
Vers 1120, les moines bâtissent le transept, le chœur, les absidioles et le clocher, tels qu’ils subsistent encore aujourd’hui.
Au XVIIe siècle, la nef carolingienne primitive est abattue, à l’exception de la base des travées.
La nouvelle nef est rebâtie sur les murs carolingiens, côté nord, qui sont surélevés et percés de fenêtres rondes. Puis, elle est couverte d’une toiture en charpente.
Au XIXe siècle, enfin, quatre travées sont ajoutées en avant de la nef.
Vers 1943, un vitrail de Maurice Denis est placé dans la fenêtre du chevet.
Après la dernière guerre mondiale, le village ayant été épargné durant la période d’occupation, un porche est construit à la demande des Marollais reconnaissants, pour installer sur son fronton, une statue en bois de la Vierge et l’Enfant.
L’église prend alors l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui.

Les Fouilles

Dans les années 1970, des fouilles ont permis de rétablir le sol au niveau initial et de mettre en évidence le carrelage de terre cuite, le maître-autel de pierre et la base des colonnes. Le sol avait été égalisé lors de l’agrandissement de 1734.
Au cours de ces fouilles, ont été retrouvés les corps des cinq premiers prieurs de Marolles. L’un d’eux avait sous le crâne une pièce de monnaie à l’effigie de Louis VI et un bouton de chape portant deux paons en gloire. On peut voir une reproduction de ce bouton dans l’une des vitrines. Le paon, marque de l’abbaye de Cluny, est le symbole chrétien de la résurrection parce qu’il perd sa parure de plumes en hiver pour la retrouver au printemps, et aussi parce qu’on pensait sa chair incorruptible.

On peut noter aussi la présence dans ces vitrines contenant le « trésor » d’un reliquaire qui contient des ossements de différents papes et de saint Alphonse de Liguori.

Le chœur et le transept

A l’intérieur, la partie la plus remarquable est constituée par le chœur et du transept, que l’on date de 1120-25. Les deux travées présentent un voûtement avec des croisées d’ogives parmi les plus anciennes connues.
Bâtie pour les moines du prieuré voisin, cette partie est à la jonction du roman et du gothique.
En effet sur ces travées a été fait l’essai d’un nouveau mode de voûte qui deviendra l’élément original du style gothique : l’ogive.

L’autel

L’autel, face à l’est, en pierre est celui qui existait en 1125. Il a été redécouvert lors des déblaiements du sol primitif du chœur, le socle à son emplacement d’origine, la table dressée verticalement contre le mur.

Le nouveau mobilier liturgique

L’autel et l’ambon ont été créés et réalisés par Vincent Guiro.
Né en 1935 à Nîmes, peintre, graveur, sculpteur, Vincent Guiro a exposé ses théories sur l’intégration de l’art à l’architecture à l’école des Arts et Métiers.
Parmi ses nombreuses œuvres, on peut noter la réalisation d’un autel pour la cathédrale de Créteil, en 2002.

Les premières esquisses et maquettes datent de janvier 2005. Ils ont été mis en place en mai 2008.

Ce projet a été mené par le père Gilles François (curé de la Vallée du Réveillon) avec l’équipe liturgique de Marolles : Jean-François Loriferne, Christine Dauger, Pierre Quoix et Didier Adeline.
Jean Quélard (les Amis de Marolles), le père Etienne Almeras et Lydia Heindrich (commission diocésaine d’art sacré) et Pierre Borne (adjoint au maire chargé de la culture) ont aussi participé à ce projet.

L’abside

L’arc triomphal de l’abside est de plein cintre.
Sa voûte en cul de four est renforcée par deux ogives qui partent de la clef de l’arc et viennent s’appuyer sur des colonnes divisant en trois parties l’abside.
Celle-ci est éclairée par trois fenêtres en anse de panier. Ce type de fenêtre ne se retrouvera, couramment, qu’à la Renaissance.
Le vitrail central de l’abside, le Bon Pasteur, fut réalisé en 1944 par le maître-verrier Albert Martine, d’après un des derniers cartons de Maurice Denis (1870-1943).

Les chapiteaux

Les chapiteaux les plus intéressants sont ceux du chœur, dont les corbeilles comportent jusqu’à dix faces.
Ils présentent une quarantaine de motifs des plus variés : des scènes bibliques, des animaux, de très nombreuses figures ailées et des végétaux.
Les murs et les chapiteaux étaient polychromes et on peut encore retrouver les traces de ces peintures.

La nef

Un arc en tiers-point s’ouvre sur la nef. Celle-ci n’est pas voûtée mais fut plafonnée en 1761 d’un dôme en anse de panier.
Elle est éclairée au sud par deux fenêtres ogivales et au nord par deux oculus.

Le mur nord est un reste de l’édifice carolingien, tel qu’on peut le découvrir de l’extérieur sur une hauteur d’environ quatre mètres. C’est à cet endroit que s’appuyait l’ancienne toiture.
A la suite du remblai de la nef, elle fut surélevée et plafonnée du dôme actuel.

L’absidiole sud

Parfaitement restaurée, l’absidiole sud voûtée en cul de four a retrouvé, grâce aux fouilles qui ont dégagé son sol primitif, l’emmarchement et ses dimensions originelles.
Le croisillon sud ne comporte qu’une travée couverte d’une voûte d’arêtes sur plan carré, décorée de modillons sculptés dans chaque coin.
Le sol actuel comme nous pouvons le remarquer est à quelques centimètres au-dessous de celui du chœur, car il a été complètement dégagé afin d’en retrouver son dallage primitif. Ce qui permet de voir les trois couches successives de remblai dans le profil en coupe du chœur.
Deux portes s’ouvrent dans le croisillon : celle du mur ouest sur l’extérieur, celle du mur sud permet d’accéder au clocher.

L’absidiole nord

L’absidiole nord était écroulée jusqu’à récemment.
Seul le croisillon a été reconstruit en symétrique du croisillon sud, avec une porte sur le mur ouest.
On trouve ici un bénitier inclus dans le mur, ainsi que deux autres posés sur le sol.
Les motifs sculpturaux différents de ceux que l’on peut voir dans les autres parties.
Au sommet des chapiteaux on peut voir des sculptures où on peut reconnaître une face d’homme, de taureau et de lion (?) (Les quatre évangélistes ?).

Le Narthex

Plus récente, l’entrée s’étendant jusqu’à la nef est plus large que le reste de l’édifice qu’elle dépasse de 0,90 m.
Son sol est surélevé et il faut descendre deux marches pour entrer dans la nef.
Couvert d’un toit en charpente apparente et plafonnée à mi-hauteur des chevrons, il est éclairé par deux fenêtres cintrées, au sud et par quatre autres, au nord.
Au-dessus du porche d’entrée, une fenêtre s’ouvre à l’ouest.

Les vitraux

Les vitraux sont récents et réalisés à partir de verres de couleur taillés en losanges.
Celui de la fenêtre centrale de l’abside est une oeuvre d’après un carton de Maurice Denis daté de 1943. Il représente le Bon Pasteur et a été réalisé par le peintre verrier Albert Martine.

Le mobilier

A gauche en entrant, au-dessus des fonts-baptismaux, un bas relief en albâtre du XVIe siècle représente le Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste. Il proviendrait de la chapelle royale de saint Jean de Grosbois démolie au XVIIe siècle. Il fut malheureusement enduit de chaux au XIXe et reste en partie piqué malgré la restauration.
L’installation des fonds baptismaux remonte au XVIIIe siècle. Datés de 1774, ils portent des traces de polychromie. Ils sont doublés intérieurement par une vasque en étain avec un couvercle portant une croix, offerte par les Amis de Marolles.
Il faut aussi remarquer un Christ en bois peint du XVIIe siècle restauré par le M. Lucien Toulouse.

La façade

La façade est assez récente, l’auvent est surmonté d’une statue plus ancienne, en bois polychrome de la Vierge Marie dédiée à la protection des routes, qui proviendrait d’une chapelle des environs.

 
 
L’extérieur de l’église

On remarque la présence de nombreux contreforts, caractéristiques de la construction romane, qui donne à l’église un aspect massif et robuste.
Côté nord, on trouve des vestiges carolingiens avec un appareillage en opus spicatum : petit appareil du mur monté en moellons disposés en « arêtes de poisson » ou « épis de blé » sur quatre ou 5 rangées.
Les restes de deux petites fenêtres romanes et d’une porte, obstruée, sont aussi visibles, de même que les traces de la limite inférieure du toit primitif.
Des oculus du XVIIe siècle, surmontent cette partie du mur qui, à sa base, mesure plus de un mètre d’épaisseur.

L’absidiole sud, de style roman, est couverte d’un toit de pierre que surmonte une croix pattée à triple cercle concentrique et motif entrelacé.
Ce motif de croix se retrouve dans l’art cistercien, en particulier sur les manuscrits de Cîteaux, symbolisant l’initiale D. On le retrouve aussi dans des fresques de l’Eglise primitive copte d’Egypte (musée du Louvre) et en Ethiopie.
Le cimetière, qui se trouvait côté sud de l’église, a été, il y a une centaine d’années, déplacé vers le nouveau cimetière du centre-ville. On trouvait, il y a peu de temps encore, des pierres tombales au pied du clocher.

Le clocher

Du côté sud, on peut voir la tour carrée du clocher percée de fenêtres en plein cintre et recouverte en « bâtière » (cf. bât d’âne), comme beaucoup d’églises des environs.
Le clocher se compose de deux étages. Son appareil est une belle pierre de taille. Il présente comme le reste de l’église de nombreux contreforts.
Une petite tourelle abrite l’escalier à vis très étroit d’accès au 1er étage. De l’extérieur cette tourelle apparaît de forme cylindrique puis conique à son extrémité supérieure sur laquelle s’engage un contrefort.

Les travaux de restauration

Le clocher et l’absidiole sud ont été restaurés de septembre 2007 à septembre 2008 et sont maintenant parfaitement mis en valeur.